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Live Reports

Isaac Delusion / L’Epicerie Moderne (Feyzin), 24/03/2024

Même si je suis presque certain de ne jamais avoir rédigé un live report pour un précédent concert, Isaac Delusion est sans doute le groupe que j’ai vu le plus souvent sur scène. J’ai perdu le compte mais une bonne quinzaine paraît être un nombre correspondant à la réalité. D’un autre côté, avec une petite dizaine de vidéos live trouvables sur la chaîne YouTube de DarkGlobe, les chroniques de disques et les autres news sur le groupe, je n’ai pas l’impression de les avoir négligés. C’est en particulier lors de leurs débuts que j’ai assisté à leurs performances de manière régulière. Car avoir la chance de découvrir Isaac Delusion à ses premiers balbutiements il y a douze ans de cela (mais oui, ma brave dame) représentait aussi l’opportunité de les voir évoluer. Ce qui compte tenu du potentiel évident du groupe dès ses débuts, était une expérience à la fois excitante et passionnante.

Depuis douze ans et les débuts sous forme de duo d’Isaac Delusion, la notoriété du groupe a considérablement progressé. Ainsi, à l’occasion de la tournée du nouvel album Lost and Found, l’Epicerie Moderne affiche complet depuis plusieurs semaines. C’est la blonde Ronnie qui ouvre des débats tout en douceurs. La jeune femme accompagnée de deux musiciens diffuse une délicate et recommandable indie pop/folk suspendue et chantée en français, empreinte de sensibilité et de fragilité. Son tour de chant propose un souffle tiède d’intimité tout à la fois charmant et étrangement déconcertant.

Une fois l’installation scénique (des loupiotes disposées de manière régulière au-dessus de la scène, accrochées aux échafaudages et suspendues à environ un mètre du sol) terminée, Isaac Delusion arrive sur scène. Les claviers / programmation (Jules) et la batterie (Cédric) sont installés sur des plateformes et se font face à chaque extrémité de la scène tandis que le chant / guitare (Loïc) et la basse (Nicolas) occupent le centre du jeu. Car après avoir évolué dans une configuration quintet pendant plusieurs années, le groupe est désormais un quatuor. Le concert débute avec « The Child You Were » tiré du premier disque mais c’est bien toute l’histoire musicale du groupe et de ses quatre albums qui est proposée ce soir. Et même si le séminal « Midnight Sun » est ce soir aux abonnées absents, c’est le toujours extraordinaire et jouissif « Early Morning » avec sa boucle en équilibre précaire permanent qui le remplace et se charge de raviver avec bonheur les plus anciens souvenirs. Surtout, cette collection de chansons présentées ce soir et étalées sur douze ans rappelle cette constante chez Isaac Delusion : cette faculté à composer des instantanés ultra catchy. Même les titres les plus récents comme « All Day » (ici sans la présence physique de Olivia Merilahti de The Dø) conservent ce charme de pépites pop immaculées. L’ensemble du set en vient à ressembler à un best of non officiel. Leur reprise des « Yeux Menthe à l’eau » d’Eddy Mitchell, titre le plus écouté du groupe sur les plateformes de streaming et plus grand succès (d’ailleurs reflété par la réaction enthousiaste du public de l’Épicerie Moderne) a d’ailleurs ceci de décevant qu’elle pourrait avoir légèremen tendance à dissimuler le reste d’un répertoire de compositions originales presque sans faille. « Presque » car, entre mes oreilles, persiste ce malaise avec les tentatives bluesy de « Sinner » pour lesquelles, je n’ai jamais vraiment accrochées.

Mais surtout, la générosité d’Isaac Delusion sur scène reste indéniable ; chaque morceau ne se résume pas à une simple reprise minimale et sèche du vinyle concerné mais s’épanouit dans des versions étendues, développées sans une once de gras. Comme le groupe en a l’habitude, il puise dans des influences éclectiques pour un résultat ultra dansant et accrocheur. Ainsi, la conclusion de « Distance » a des airs de shoegaze discoïde, de fin du monde en bout de course tandis que « Let Her Go », dernier titre du rappel, voit Loïc maltraiter sa guitare comme un possédé pendant plusieurs minutes.

Ce qui reste réconfortant chez Isaac Delusion, c’est cette jolie fraicheur permanente qui accompagne le groupe, cette impression de toujours voir des potes sur scène. Lorsque Jules, Loïc et Nicolas, guitares et basses au bout de leurs bras entament un pas de danse chorégraphié et rétro sur « Internet », le résultat est à tout à la fois un peu ridicule mais surtout touchant, presque émouvant. À la fin du concert, les quatre musiciens se rassemblent pour se prendre dans les bras puis se sourient, heureux de ce moment; peut-être d’être toujours ensemble, encore complices. Et en les observant de la fosse, il y a cette joie de constater que même douze ans plus tard, certaines choses restent inchangées.

Photos : Lili Poptime

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