Loading...
Disques

Nosfell / s.t.

090717aLes blagues les plus courtes sont les meilleures. Voilà ce qu’on pourrait penser en découvrant le troisième album (éponyme cette fois) de l’extraterrestre Nosfell. Un adage qui ne fait pas partie du vocabulaire du garçon, si par le terme ô combien réducteur de « blague » (quand on imagine la finesse du travail d’élaboration que celà a du demander) on fait allusion au monde imaginaire créé de toutes pièces par lui. Car ce troisième album, aux allures de conte – fin du tryptique des chroniques de la terre de « Klokochazia » – regorge lui aussi de sa langue, de ses histoires, et de ses personnages barrés hauts en couleur. Mais sur un fond sonore tout nouveau.

Et pas besoin d’aller chercher bien loin pour le comprendre: Ce nouveau Nosfell, enregistré à Los Angeles et produit par Alain Johannes (bassiste et producteur des Queens Of The Stone Age), après maintenant plusieurs années à défendre son projet sur scène, transpire une énergie live beaucoup plus rock, voire punk. Il suit le tracé déjà légèrement initié sur Kälin bla Lemsnit Dünfel Labyanit il y a trois ans (déjà), où le lyrisme pur et dur laissait plus volontiers la place à une orchestration davantage tournée vers la scène. C’est cette évolution constante qui donne au final toute sa matière à l’univers si particulier du groupe (la contribution de Pierre Le Bourgeois au violoncelle et à la basse, et de Orkhan Murat à la batterie est à ne pas négliger). En son absence, la trame imaginaire qui sert de lecture aux chansons aurait pu tourner au gimmick, et finir par lasser. Au lieu de ça, Nosfell rajoute de la texture, de la couleur, du rythme. Il donne vie à sa création, jouant avec les personnages de ses histoires comme des marionnettes qu’il se plaît à articuler au rythme des morceaux. Mieux encore, Nosfell conserve ce coté foutraque, expérimental, loufoque qui plaisait dans ses prédecesseurs, sans en répéter le propos. Jusqu’à convaincre: si la beauté minimaliste de « Mindala Jinka » est maintenant loin derrière, la folie percutante de « Jusila » n’en est pas moins jouissive. Et puis les petits ingrédients fétiches du vocaliste hors pair sont toujours là: human beatbox, bruits divers émanant de sa bouche fertile… Les fans ne devraient pas être déçus.

Mais ce qui fait encore une fois le charme de cet album, c’est l’authenticité de ce projet, sa sincérité et son engagement. La façon avec laquelle il génère les rencontres, humaines comme artistiques. Comme cette collaboration quasi improvisée entre le trio rejoint par le couple Josh Homme / Brody Dalle, « Bargain Healers ». Comme l’alchimie entre Alain Johannes et le groupe, hébergé dans sa maison durant l’enregistrement, nourri par la cuisine de sa maman, raconte Nosfell. Et puis il y a cette superbe chanson à la noirceur improbable, en duo avec Daniel Darc, « La Romance Des Cruels ».

Trois ans après son dernier album, Labyala Nosfell pousse à nouveau son art très haut. On a maintenant hâte de voir le visage que va prendre ce disque sur scène, mais si tout se passe comme prévu, l’émerveillement et l’admiration devraient encore une fois être au rendez-vous. A noter également, la sortie d’un livre illustré mis en musique sur le thème du spectacle présenté depuis l’année dernière, Le Lac Aux Vélies (Gallisol).

En écoute: « Lugina »

[audio:https://darkglobe.free.fr/public/music/Nosfell_Lugina.mp3]
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.