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The Pains of Being Pure at Heart / Days of Abandon

240px-The_Pains_Of_Being_Pure_At_Heart_-_Days_of_AbandonAprès la sortie de leur second album, Belong, gonflé aux steroïdes Pumpkiniennes mais néanmoins très bon, j’avais imaginé une voie toute tracée pour The Pains of Being Pure at Heart: une consécration mondiale, des salles de concert pleines, de l’argent, beaucoup de drogues, du sexe quand leur emploi du temps leur permettait; tout cela avant de très certainement sortir des nouveaux disques bien putassiers et dégueulasses sur lesquels j’aurais volontiers craché de bons gros mollards. Une évolution similaire à celle de Placebo en quelques sorte. A postériori, et je n’en suis pas mécontent, force est de remarquer que je me suis bel et bien planté: The Pains of Being Pure at Heart n’est pas devenu énorme, loin de là, et soniquement, leur troisième album, Days of Abandon marque bien fort ses distances avec son prédécesseur, gommant les distorsions de guitare et se détournant pour l’instant d’une trajectoire directe et aveugle vers un rock aux couilles pleines d’air qui aurait fait, sans aucun doute, lever mes gros sourcils poilus et soupçonneux. Mais même si les excès bruitistes disparaissent (pour l’instant?) du territoire de jeux des Pains, l’idée d’une pop accrocheuse et mélodique, au plaisir immédiat, s’y cramponne comme une moule sur son rocher. Le changement, lui, se trouve à nouveau dans le traitement des chansons avec un environnement plus duveteux et gracieux.

Car de tous les albums du groupe qui l’étaient pourtant déjà massivement, Days of Abandon est sans aucun doute le plus sirupeux des trois, le plus ouvertement poppy, celui dont la candeur se cache le moins. Mais paradoxalement, loin des esthétiques DIY du premier album ou de la sympathique gonflette du second, le travail de production s’apparente ici désormais plutôt à de la tendre et fragile dentelle; signe d’un réel choix de maturité et d’une identité musicale qui s’affine. Days of Abandon porte aussi bien son nom: les membres historiques du groupe ont quitté le navire un à un, laissant Kip Berman seul véritable maître à bord; un exemple sans doute parmi tant d’autres des ces abandons successifs qui dessinent la douce amertume, aux contours pourtant toujours lumineux du disque.

Dans cette situation, la voix de Berman, laissée quasiment à elle-même sur la presque acoustique et ravissante introduction « Art Smock », et sa conclusion dépouillée « The Asp in My Chest » gagne en désenchantement tendrement désabusé. Pour le reste, les compositions poursuivent leur jardinage dans le même pré carré; celui de la recherche d’une parfaite pop-song classique (« Simple and Sure », « Eurydice » « Until the Sun Explodes » avec pour ouverture un bel exercice de copulation entre le « Just Like Heaven » des Cure et les claviers de I Break Horses) teintée d’un soupçon de mélodrame mais sauvée par une intègre naïveté (« Beautiful You » et « Coral and Gold »). L’influence générale de l’album tend majoritairement vers des racines rosbeefs avec par exemple des lignes de guitares made in Johnny Marr comme sur « Massokissed » ou un « Kelly » aux airs de petite sœur du « Charming Man » des Smiths. Du côté des invités prestigieux, les cuivres de Kelly Pratt (qui a travaillé avec Beirut et David Byrne) polissent « Life After Life » et « The Asp in My Chest » à la manière de Belle & Sebastian tandis que le chant de Jen Goma de A Sunny Day in Glasgow ressuscite pendant quelques minutes Kirsty MacColl. Tous ces apports s’intègrent sans difficulté dans le nouveau schéma du groupe et dessinent joliment des nouvelles perspectives pour son futur.

Un avenir que cette fois-ci, j’éviterai sagement de prétendre deviner en arrêtant définitivement de me prendre pour une Madame Soleil de pacotille. La seule chose dont je peux être à peu près sûr et heureux, c’est que Kip Berman aime et sait écrire des pop-songs. Libre à lui de choisir la manière de les présenter, je lui fais désormais totalement confiance.

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