L’année dernière, j’avais raté les deux précédentes venues de Gyasi (prononcez Jah-See) au Petit Bain et à la Maroquinerie, alors cette fois il était hors de question que je le loupe! D’autant que j’ai adoré son nouvel album Here Comes The Good Part, un opus qui a sa place dans mon top 2025.
Le cas de Gyasi est assez intéressant. Ceci dès l’instant où on ne l’a pas dégagé, dès l’écoute du dernier album, sous prétexte qu’il évoque aux plus anciens d’entre nous le Glam début 70’s d’un certain britannique de classe mondiale, que certains nomment…Dieu…(mais ceci est encore un autre débat). J’ai nommé David Bowie dans sa période Ziggy Stardust, Aladin Sane, mais aussi le T-Rex de Marc Bolan, voire un peu d‘Alice Cooper. Bref, une bonne partie du rock et du hard Rock du début des 70’s, période dont il semble être totalement imprégné, parce que tombé très tôt dans la marmite. Je laisserais donc quelques esprits chagrins du « ça déjà était fait avant et en mieux » à leur aigreur, car J’avoue que c’est assez fun de s’emballer pour ce genre de rock’n’roll qui prends son ADN il y a 50 ans avec une sacrée énergie positive et avec des tenues de scène qui ne laissent aucun doute sur la provenance de ses influences. Cela nous change et cela est paradoxalement rafraichissant, alors que beaucoup d’autres artistes paraissent sans âme et consistance. Influences appuyées, mimétisme…plagiat ? Nann…je me moque carrément de tout ça parce que j’adore l’ambiance !

Alors ce dimanche 12 octobre me voilà à la Maroquinerie où tout d’abord j’hallucine en constatant la moyenne d’âge du public flirtant…avec celle d’un ehpad…ahaha (pardonnez mon sarcasme)… J’exagère à peine vu le nombre de crinières blanches et de dévastés capillaires présents ce soir, ça me parait même au-delà des boomers. Tout ce petit monde viendrait donc prendre une cure de jouvence, se rappeler ses émois musicaux de jeunesse, mais en regardant un jeune tout droit venu d’un passé glorieux?…Ahahah…Le glam ne ferait-il recette uniquement qu’à partir de 60 ans ? Rassurez-vous, il y avait aussi quelque plus jeunes spectateurs dans la salle !
Après la 1ère partie dont je n’ai pas envie de parler plus que ça, Gyasi et ses musiciens viennent sur scène pour un sound check en tenues civiles. Les tests se font devant le public qui n’attend que les premiers riffs pour exploser, sympa. Quelques minutes plus tard les lumières s’éteignent et le groupe balance « Cheap High » brulot rock’n’roll à 140 bpm, lançant les hostilités pour ce qui s’annonce comme un live de folie furieuse. Et c’est exactement ce que je ressens quand Gyasi apparait sur scène, crinière blonde, tenue blanche très ajustée à sa silhouette filiforme, plateform boots en vinyle rouge. Il m’évoque un certain Mick Ronson de la grande époque, le porte flingue à la Les Paul de David Bowie, on s’y croirait presque.
Ce mec à l’allure d’androgyne est lumineux avec son quatuor d’excellent musiciens. Plus le concert avance et plus l’intensité augmente de manière très naturelle et progressive. Il y a toujours un truc qui se passe, tantôt il grimpe et s’assoit sur une enceinte perchée, ou tombe la veste avec un boa noir autour du cou dans un instant cabaret baroque, puis chante couché par terre, presque lascivement. Il s’offre une incursion au beau milieu de la fosse puis est porté par le public l’espace d’un instant, Les Paul en main. Je devine du Bowie, du Bolan, d’ailleurs il faudrait être sourd pour ne pas faire le rapprochement, mais pas que…so what ça le fait ! L’Androgyne sait s’y prendre pour réveiller les presque morts (pardonnez encore ce trait d’humour trop facile), tout est au climax, la Maroquinerie est littéralement en feu, l’ambiance feel good est communicative, ça bouillonne à l’intérieur de moi. Le front man est visiblement content d’être là sur scène, le sourire aux lèvres, épaulé par un excellent et efficace guitariste le plus souvent armé une Telecaster. Je sais que toutes ces attitudes à l’allure de clichés pourraient en amuser quelques uns…que neni mes bons… Gyasi capte l’attention et magnétise son monde. D’ailleurs tout fait sens quand on sait son éducation bohême aux Etats-Unis, évoquant son bonheur d’être en tournée parmi nous, dans la ville de l’amour et de la liberté et que cela puisse durer le plus longtemps possible, loin de son Amérique qui part vraiment en vrille avec laquelle il ne se sent plus en phase…ben tu m’étonnes !

La setlist de dix huit titres couvre tous ses albums aux influences rock 70’s, hard rock et plus glam en ce qui concerne le dernier album dont seulement trois titres sont joués. Merci pour ce joli clin d’œil à Ozzy Osbourne, autre figure emblématique avec un extrait de War Pigs de Black Sabbath en insert de All Messed Up, puis tout se termine en trombe avec « Colorful », titre supersonique du premier album. Voilà le genre de live qui met du baume au cœur, qui met ma fameuse usine à endorphine en mode ultime…Le bonheur de voir qu’on n’a parfois pas besoin de compliquer les choses quand on est totalement sincère et en phase avec qui on est.
Gyasi ne prétend pas être Rock’n’roll…il l’est ! Mon concert de l’année ? Hum…fort possible ! Mais au moment où j’écris ces quelques lignes, mon cœur s’arrête un instant apprenant le décès de celui qui fut certainement ma première idole de jeunesse, Ace Frehley « spaceman » et lead guitariste de Kiss. Ce premier groupe dont je fus fan à 14 ans, les murs de ma chambre recouverts de posters, rêvant de devenir Ace, Gibson Les Paul lumineuse en feu, aux solos intergalactiques. Il a été une grande influence pour toute une génération de guitaristes…c’est une partie de ma jeunesse qui fout le camp là…et je sais que ce n’est pas fini. Certes c’est un lointain souvenir, mais de ceux qui restent gravés à jamais. Long live Rock ! En attendant, celui-ci va rester un bon moment. Gyasi tenant haute la flamme. Allez salut maintenant.
Setlist
1 Cheap High/ 2 She Says / 3 YGTL / 4 Tongue Tied / 5 Androgyne / 6 Teacher / 7 Feed Your Face/ 8 American Dream / 9 Sweet Thing / 10 Heartbreak Heaven / 11 Baby Blue / 12 Lightning/ 13 Kiss Kiss / 14 23/ 15 Godhead/ 16 Bang Bang (The Runnaways) / 17 All Messed Up + extrait de War Pigs (Black Sabbath)
Encore 18 Colorful
photos et vidéo Olivier Davantés/ Dark Globe.fr

« Musicien d’alcôves tel un Winslow Leach, mais moins torturé (quoi que!) et sans Swan. Musicalement en solo mais avec ses fantômes. Autre expression artistique: Photographie. Couleur : 50 nuances de noir. Drogues indispensables : Rock’n’roll (quelle qu’en soit l’apparence), des mélodies et un peu de style ! «