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Disques

Ricky Eat Acid & Arrange / Sketches

Voici tout juste un an, nous avions gratté dans ces mêmes colonnes quelques lignes émues sur le morceau  « P.S.W.L. » ; délice aigre-doux d’électro acoustique minimaliste au parfum automnal. Ce titre annonçait un partenariat sur un format plus long des deux solistes américains responsables de la chose : Ricky Eat Acid (Sam Ray, Baltimore) et Arrange (Malcom Lacey, Floride).

Douze mois plus tard, force est de constater que l’entreprise a accouché d”un mini plouf puisqu’en lieu et place de l’album espéré, c’est un ch’tit EP de quatre morceaux qui a montré le bout de son nez. La faute à l’ordinateur de Sam Ray qui en se crashant a emporté avec lui la majeure partie des efforts du duo. Fauchés dans leur élan et leur confiance dans la technologie certainement détruite par la même occasion, les deux musiciens ont tout de même décidé de finalement rassembler les chansons terminées pour remplir le bien nommé Sketches, un EP sorti fin Septembre. Concernant la répartition des taches, Ricky Eat Acid s’est majoritairement occupé de la production mais a aussi enregistré les guitares, la basse et la partie rythmique (et a réalisé la pochette). De l’autre côté, Arrange a apporté sa voix (ce qui dit à ce moment et de cette manière lui donne effectivement le rôle du gros branleur). Les parties de piano et synthés de même que le mixage ont quant à eux, été partagés entre les deux protagonistes. Sans pour autant présumer du futur de ce travail, ce petit quatre-titres devrait représenter une association qui, au vu du temps écoulé depuis, est morte dans le peu qui restait du jaune d’oeuf.

Par rapport à « P.S.W.L » (que l’on retrouve d’ailleurs sur la galette), pas la peine de rechercher une révolution stylistique ou un changement d’atmosphère sur Sketches ; l’ensemble est hautement homogène, émouvant dans sa description désabusée de la monotonie d’un quotidien incarnée par le chant à minima de Malcom Lacey, sa voix rauque sous Tranxène, confrontée à une normalité sensiblement fantasmée par une électro dépouillée et grinçante, économe mais toujours précise dans son étrangeté. La cohabitation entre ces deux tendances ouvre les portes à une contagion mutuelle : les claquements de doigts en rythmes de « Brand New » s’incrustent sur des nappes de synthés eux-mêmes contaminés par les soupirs et la voix subtilement transformée de Lacey. Cette contagion réciproque s’autorise même des anachronismes sur « Champagne Life » ; le titre d’ouverture déploie synthés et boites à rythmes cinématographiques qui craquent, rêve d’un générique de polar nineties catégorie Michael Mann (la classe tout de même), le lever de soleil rougeoyant sur des paysages urbains inclus (« my hair falls out and grows again in a west end parking lot »). En comparaison de l’économie textuelle des autres morceaux, « Alumni » déroule ; seul morceau dans lequel Lacey force très parcimonieusement sa voix, léger soupçon d’émotivité pour un EP rempli de pudeur sous tension. Mais de tous, c’est évidemment et toujours « P.S.L.W » qui se dessine délicatement comme un astre noir sur ce ciel de traîne : mélodie au piano crève-coeur, boîte à rythmes constamment trébuchante, voix terrassée, proche de la noyade dans le mix et silences expressifs.

En évitant soigneusement et heureusement l’emphase dans sa production et son signifié, Ricky Eat Acid et Arrange ont réalisé un mini album à la mélancolie sourde et charnelle toute en réserve, à la dimension tristement humaine.

http://arrange.bandcamp.com/
http://rickyeatacid.bandcamp.com/

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